בס״ד

 

Avec l'aimable autorisation de Rav David SETTBON, extrait de son ouvrage 'Alé Hadas.

 

L'office du matin

 

59.         Rebbi Eliyahou ‘Haï Guez1 et rebbi Meïr Mazouz2 attestent formellement que la coutume de Tunis est d’incliner la tête sur l’avant-bras gauche lors de la récitation du psaume 25 (Lédavid Elékha Hachem Nafchi Essa). C’est ce que l’on nomme la néfilat appayim ( «  la chute de la face »). Cet usage est en train de s’étioler dans les communautés séfarades ; il faut donc rappeler son importance avant qu’il ne disparaisse totalement. Mentionnée explicitement dans le Talmud3 ainsi que par tous les richonim, la néfilat appayim est évoquée par le Choul’hane ‘Aroukh  (131,1) et le Ari zal4. Tous les grands décisionnaires séfarades des générations ultérieures ont également rappelé cette exigence, et ont même protesté à l’encontre de ceux qui la négligent5.

Malgré cette belle unanimité, de nombreux fidèles s’abstiennent de procéder à la néfilat appayim : ils ont entendu dire que selon les enseignements kabbalistiques, il était très néfaste de pencher ainsi la tête du côté gauche sans réciter le psaume dans une concentration parfaite. Comme toutes les rumeurs, celle-ci s’appuie sur une base de vérité pour finalement aboutir  à une déformation. Deux éminents kabbalistes, le ravHida6 et le rav Ya’akov Sofer7 ont clairement défini dans quelles conditions réciter le psaume 25 la tête penchée pouvait être effectivement nuisible selon la kabbale :

       - Si l’on appuie la tête sur la main (au lieu de l’avant-bras). Un enseignement de nos sages nous apprend en effet que les fautes de l’homme sont gravées sur sa main8.

       -  Les (très rares) fidèles qui ont étudié les textes kabbalistiques et veulent lire ce psaume avec les kavanot (les pensées mystiques) adéquates doivent prendre garde. Dans ce domaine, la moindre erreur ou inattention peut effectivement être lourde de conséquences.

Le message transmis par ces deux décisionnaires, le rav ‘Hida et le rav Ya’aakov Sofer, est sans ambiguïté : lire le psaume 25 avec pour simple intention d’adresser une prière à Hachem et en prenant soin de s’incliner sur l’avant-bras gauche ne présente pas la moindre gravité, même selon les kabbalistes9.

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1 Zé Hachoul’hane p.4.
2 Or Tora, Tichri 5761 P.63.
3 Par exemple Bérakhot 34b.
4 Cité dans le Chalmé çibbour p.358.
5 Citons dans l’ordre chronologique : rebbi Chemouel Vital ( ‘Haïm Chenayim Yéchalem 131,1), rebbi  Avraham Azoulaï ( gloses sur le Lévouch §131), rebbi Israël Ya’akov Elgazi ( Chalmé çibbour p.358), rebbi Eli’ézer Papo ( ‘Hessed Laalafim 131,11), rebbi Ya’akov Pardo (Min’hat Aharon §17), rebbi ‘Haïm Falaggi ( Kaf Ha’haïm 16,14). Quant au rav ‘Hida, non seulement il rappelle l’obligation de néfilat appayim dans son livre Moré Bééçba’, mais nous possédons même un témoignage sur le fait qu’il ne manquait personnellement jamais d’incliner la tête sur le bras gauche. Ce  témoignage est dû au rav Avraham Khalfon (dans son livre Léket Hakaçir), qui côtoya quotidiennement le rav ‘Hida à Livourne pendant un an et demi.
6 Moré Bééçba §88-89.
7 Kaf Ha’haïm 131,31.
8 Voir Eliyahou Rabba (131,2) au nom du Séfer Hamanhig. Un passage du traité talmudique Calla Rabati (début du troisième chapitre) semble faire allusion à cette notion.
9 Signalons toutefois que le fait de s’abstenir de néfilat appayim semble un usage ancien dans les communautés irakiennes (Ben Ich ‘Haï, Ki tissa 13) et algériennes comme le constate avec beaucoup d’étonnement rebbi Eliyahou ‘Haï Guez dans Zé Hachoul’hane P.4). On revanche, en Israël, Syrie, Égypte, Maroc, Libye, ainsi qu’à Djerba, la néfilat appayim se faisait normalement appuyé à gauche. La seule distinction entre séfarades et achkénases est la suivante : les séfarades se penchent du côté gauche à cha’harith comma à min’ha, tandis que les achkénases suivent la recommandation du Rama de s’incliner à cha’harith du côté droit.
 
 

           64.      Les communautés achkénazes, marocaines et algériennes protègent leur Sifré Tora par un beau manteau de velours . Le rav Mëïr Mazouz1 a même démontré à par partir d'un passage de la Guémara ( Méguila 32a) que tel était  l'usage en vigueur à l'époque talmudique. En revanche, en Tunisie et dans d'autres pays séfarades2 ,tout Séfer Tora est conservé à l'intérieur d'un écrin de bois. Cet aménagement semble avoir été conçu il y a fort longtemps tout simplement pour éviter les risques de chute du Séfer Tora.

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1 Or  Tora (Chevat 5756)

2 Israël, Égypte, Irak, Syrie.