בס״ד

 

Avec l'aimable autorisation de Rav David SETTBON, extrait de son ouvrage 'Alé Hadas.

 

Pourim 2

 

       13.    A Tunis, la Méguila était lue rapidement et sur un ton plutôt monocorde, en tout cas sans tenir compte des té'hamim (les signes de cantillation biblique). Même le sof passouk, c'est à dire l'équivalent d'un point à la fin d'une phrase, était ignoré et le 'hazane ne marquait un arrêt qu'après le second mot du verset suivant.

Cette coutume existait aussi à Alger1. Elle est justifiée par de nombreux richonim2 qui invoque le fait que la Méguilat Esther est désignée par le verset ( Esther 9,29) sous le nom de « missive » (אגרת), et qu'il n'est donc pas nécessaire de prêter attention aux té'hamim. Une autre explication intéressante fut avancée par rebbi Maçlia'h Mazouz: il existe certes une mélodie tunisoise originelle de la Méguilat Esther qui respecte les té'hamim. Mais cette mélodie a l'inconvénient de présenter certaine similitudes avec celle de Ekha (le livre des Lamentations). Il fut donc décidée ne plus lire la Méguila d'après cette mélodie, afin de ne pas prêter à Pourim un air de Tich'a Béav.

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1 Rebbi Yéhouda 'Ayache, Beth Yéhouda vol.1§23.

2 Rambam, Or'hot 'Haïm, Ritba, Ran. Cf. aussi les paroles de rebbi Avraham Azoulay (l'arrière-arrière-grand-père du rav 'Hida) dans ses annotations sur le Lévouch : « certains ont l'habitude d'enchainer dans un même souffle la fin du verset avec le début du verset suivant, parce que la Méguila s'appelle une missive ».

 

      16.   L'une des miçvot caractéristiques de la fête de Pourim est le michloa'h manot, c'est-à-dire l'envoi à ses amis et connaissances de paquets emplis d'aliments divers. La halakha1 stipule que l'endeuillé, pendant les douze mois de deuil de son père ou sa mère, ne recoit pas de michloa'h manot mais peut en envoyer. Curieusement l'usage tunisien – aussi bien à Tunis qu'à Djerba – est exactement opposé puisque l'endeuillé peut recevoir des michloa'h manot mais n'en n'envoie pas. Rebbi Maçia'h Mazouz2 et rebbi Chouchane Cohen3 ont mentionné les décisionnaires sur lesquels notre minhag repose.

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1 Choul'hane 'Aroukh 696,6.

2 Yich Maçli'ah vol. 1 Yoré Dé'a 53b.

3 Guéoulé Kéhouna p. 594.